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L’animal, sa liberté et l’éducation vraie à l’environnement

mardi 6 septembre 2011, par Alain PERSUY

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Article de Alain PERSUY [1]


« On ne protège bien que ce que l’on connaît bien »…L’immense travail accompli par tous ceux qui ont fait de l’éducation à l’environnement, non seulement un métier mais souvent une mission, le démontre à l’envi.Comment faire prendre conscience de la nécessité du vivant, alors même que la population citadine en est de plus en isolée ? Comment parler de la beauté des choses, si l’on a perdu l’occasion de la contempler ? Comme le disait John Burroughs au 19 siècle, « l’art de voir les choses » [2] relève d’une démarche intellectuelle qui nécessite un apprentissage patient. Comment sensibiliser ?? Jeunes comme adultes ? Si le livre et la parole sont deux vecteurs essentiels, l’image est souvent le plus court chemin de l’émotion. Pour le naturaliste, l’amoureux de la faune sauvage, il est un mot consubstantiel à la défense qu’il en fait : celui de liberté. « Liberté pour les ours, » a écrit John Irving !! [3] Mais encore pour l’aigle, l’ours, l’éléphant, le flamant, la chouette ou le tapir, le gaur ou le lion…ou le loup, cet habitant du silence, à la course ralentie, élastique, régulière, toute de puissance contenue, de combes en halliers, de landes en ravins.
Peut-on alors parler du rôle éducatif des parcs zoologiques, où, quelque soit la dorure des cages, la relative dimension des enclos, les animaux sont en prison ?? sujet délicat certes mais vital en ces temps d’éloignement de ce qu’est vraiment la nature, en ces moments où persiste « la peur de la nature », (ou l’incompréhension !), comme l’a fort bien exprimé François Terrasson ?? [4]

Un animal captif garde certes son apparence, mais perd son âme ; sa sauvagerie, qui le constitue. Aucune étude scientifique sérieuse ne peut prendre en compte le comportement des animaux contraints à des comportements altérés. Les voir en de telles conditions ne m’apprend rien, ne me divertit pas…Les parcs zoologiques se veulent depuis quelque temps, faire de la « conservation » : en fait, cela reste un argument commercial plus qu’une réalité, car si l’on affirme collaborer à des programmes de sauvegarde d’espèces particulières, leurs milieux de vie, leurs biotopes continuent, en leur pays originel, d’être détruits ! Où donc relâcher quelques rares spécimens, avec des conditions réelles de réussite ??

Non, en aucun, cas, l’animal exotique n’a sa place chez nous, si on le respecte véritablement. Battons nous en Afrique, en Asie, en Australie, pour sauver ces espèces dans leur milieu, sans sous entendus commerciaux… Des singes, des crocodiles, des aigles, des boas en Vienne ?? cela ne relève en rien d’une éducation à l’environnement. L’image, par contre, est là pour montrer sans risque de dégrader. Servons nous en, dans des programmes éducatifs pensés… et responsables. Par contre, la faune sauvage locale, régionale, voire du pays, peut faire l’objet d’une connaissance, d’une pédagogie véritablement écologique., dans des parcs animaliers sans barreaux, comme à Chizé, si l’on se donne la peine d’une information complète, précise, objective . S’il s’agit d’animaux nés en captivité, la présence du renard, du reptile, du blaireau, du hérisson comme du chevreuil, se justifie. Bien montrer ici pour mieux protéger ailleurs : c’est une vraie démarche. Je reste cependant persuadé que le loup n’y a pas sa place, à qui l’on interdit la course libre, à jamais nostalgique de l’espace des landes et des crépuscules. Ni le lynx, qui ne vit vraiment qu’en sylves discrètes, loin des effluves humaines, au profond des halliers.

Il est donc vrai qu’apprendre au public l’impalpable, la dimension de l’espace, dont notre faune a autant besoin que de nourriture, reste difficile. Mais pour qui fait métier d’éduquer, l’interrogation de ses propres comportements est nécessaire, le continuel questionnement de sa propre responsabilité relève d’une éthique que l’on se doit de s’exiger soi même.
A nous de trouver les bons outils, de refuser la facilité.

Garder des rapaces en volière, prétendre faire de la pédagogie environnementale par le spectacle de ces seigneurs du ciel conditionnés pour une chasse fort peu naturelle, pour la « distraction » des foules…. et le plaisir égoïste du « propriétaire »…. ce n’est pas ainsi que l’on peut donner connaissance du sauvage, considéré dans son « entier » ; le ciel, avec la plume… et non la plume avec les liens .

Si l’espèce humaine se définit par rapport à la nature ; faisons en sorte de garder notre identité profonde en privilégiant des rapports à la nature respectueux de qui reste unique, précieux, indispensable : la libre expression du vivant.

Notes

[1Naturaliste

[2John Burroughs, L’art de voir les choses, éditions Fédérop

[3John Irving, Liberté pour les ours, Seuil collection Points

[4François Terrasson, La peur de la nature. Ed. Le sang de la terre

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