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mardi 10 février 2009, par
Edito de la Lettre n°18
Écrire sur nos pratiques, témoigner, faire part de nos réflexions, évoquer des questionnements sur notre éthique, exploiter les richesses de notre centre de documentation ou encore explorer les outils pédagogiques autour d’une thématique choisie (1)…, puis enfin organiser l’ensemble pour en faire une revue publiable représente un travail d’une année qui justifie le rythme de notre Lettre du GRAINE en Poitou-Charentes.
Nos numéros précédents avaient donné la priorité à des sujets d’actualité liés au Grenelle de l’environnement et aux nouveautés au sein de l’Éducation Nationale. Ils nous avaient amenés à nous interroger et à réfléchir collectivement, d’une part sur le développement durable, ses approches éducatives et ses articulations avec l’environnement, puis d’autre part à faire un point sur les actions menées en éducation à l’environnement vers un développement durable notamment dans le milieu scolaire. Enfin, l’année passée, nous avons exploré le concept de participation et ses déclinaisons en terme de démarches et de pratiques.
Cette présente Lettre a souhaité se consacrer à une préoccupation encore plus large et peut-être plus spécifique à nos réseaux associatifs qui, enracinés dans l’éducation populaire, revendiquent le principe d’éducabilité. Ainsi, « L’éducation à l’environnement pour tous, partout et tout au long de la vie », est une préoccupation présente au sein du GRAINE Poitou-Charentes qui, depuis sa création, la considère comme une mission importante développée dans les deux premiers articles de sa Charte de qualité (2) :
- Article 1 : L’Education Environnementale est une composante essentielle d’une éducation globale et permanente. Elle est un droit pour tous.
- Article 2 : L’Education Environnementale concerne tout le champ éducatif dans les temps de scolarité ou de formation et de loisirs.
Comme à l’habitude, la sollicitation a été large auprès de nos adhérents individuels ou structures membres de notre réseau régional mais aussi auprès de nos sympathisants et partenaires. Et ce thème s’est révélé être très mobilisateur puisque pas moins de 33 auteurs différents contribuent à ce numéro. Dans ce souci de bien laisser place à une diversité de paroles, nous avons par ailleurs demandé à de jeunes étudiants ayant développé dans le cadre de leur mémoire de licence professionnelle (3) une thématique de recherche sur une année, de nous en faire part et de nous indiquer des sources bibliographiques pouvant être utiles à des praticiens plus expérimentés. Et puis le comité de rédaction a souhaité proposer un accompagnement aux personnes ayant des difficultés pour se lancer dans l’écriture d’un texte, soit par manque de temps, soit par véritable appréhension de l’acte d’écrire. Ainsi avons-nous réalisé plusieurs entretiens, ensuite mis en forme par nos soins et validés par les interviewés.
Dans tous les cas nos remerciements vont à toutes ces personnes qui ont été intéressées par ce pari difficile de la mise en mots de leur quotidien et qui sont inscrits dans une véritable démarche de recherche (qu’il s’agisse de chercheurs patentés, débutants ou praticiens réflexifs…).
Ce souci de diversité est selon nous un gage de richesse grâce aux points de vue multiples exprimés, offrant ainsi à chaque lecteur la possibilité de se situer et de se faire sa propre opinion y compris sur des sujets difficiles ou controversés. Et, là encore, nous sommes bien dans l’esprit de notre Charte si l’on prend bien soin d’énoncer clairement et de s’énoncer mutuellement les garde-fous nécessaires :
Bien sûr, il n’a pas été facile d’organiser cette Lettre, puisque lorsque c’est « tous », « partout » et « tout au long de la vie » c’est forcément foisonnant !
De plus nous souhaitions distinguer, sans pour autant les séparer ni les mettre dos à dos, les situations de sensibilisation de celles d’éducation ou encore de formation (4).
Le lecteur y trouvera les rubriques suivantes :
le grand public (pourtant une expression que nous affectionnons peu puisque nous préférons le mot plus actif de participant à celui de public) où la sensibilisation, voire l’éducation n’hésitent pas à passer par des vecteurs comme la radio, les jardins coopératifs ou même un festival rock !
le tourisme, notamment au travers de sa version « écotourisme » en lui gardant un regard critique
le public handicapé avec toutes ses spécificités, ses richesses et ses difficultés montrant qu’une mise en réseau des éducateurs autour de ces questions d’environnement serait là aussi tellement précieuse !
les « passeurs d’idées », ces praticiens qui porteurs d’utopies motrices nous proposent au travers de leurs écrits une vision globale et une réflexion de fond comme celle autour des « communautés d’apprentissage » ou d’initiatives collectives plus ou moins informelles
les questions de société relevant essentiellement de postures éthiques, celle de prendre soin des rivières ou encore de faire de la pédagogie au travers des assiettes
le monde scolaire n’est pas totalement absent de ce numéro et notamment en ce qui se concerne des « ailleurs » comme le Cambodge ou le Maroc
les entreprises contribuent à la réflexion grâce à des porteurs d’idées originales menant des démarches d’accompagnement voire de mises en scènes en partenariat avec des associations
les questions controversées n’ont pas été évincées grâce à des contributions multiples qui autorisent ainsi un regard plus apaisé autour de sujets qui traditionnellement « fâchent » dans le monde de l’environnement.
Au final, une des découvertes a été que nombreux sont ceux qui font de l’éducation sans le savoir, sans oser s’approprier ce terme tellement souvent réservé dans nos imaginaires aux enfants et au monde scolaire. Ressort aussi l’idée maîtresse que l’éducation à l’environnement n’est pas un luxe réservé à certains - déjà souvent sensibilisés voire convaincus - ou encore aux jeunes en milieu scolaire mais que nous nous devons d’aller au-devant des personnes dans des situations peu habituelles tout en gardant constante à notre esprit la préoccupation d’une éducation émancipatrice.
A un moment où beaucoup d’associations sont en souffrance, voire en péril, et de toute façon en manque de reconnaissance de l’important travail qu’elles effectuent, ce numéro 18 de la Lettre met un coup de projecteur sur l’importante diversité des actions menées.
Redéfinir la place et le rôle des associations reste un sujet de réflexion qui sera l’objet d’événements à venir :
- le Congrès national du Réseau École et Nature co-organisé avec le GRAINE Poitou-Charentes, les 27, 28 et 29 mars prochains au CREPS de Boivre autour de « Éducation à l’environnement et politique : quelles places pour les associations ? »
- les Assises régionales « des acteurs de l’éducation, de l’environnement et du développement durable en Poitou-Charentes » portées par la CEDD (5), le CELAVAR (6) et le CRAJEP (7) ; le 6 juin 2009 à Niort
- les 2èmes Assises nationales « de l’éducation à l’environnement vers un développement durable », les 27, 28 et 29 octobre 2009, à Caen, co-organisées par le CFEEDD (collectif français pour l’éducation à l’environnement vers un développement durable) et le GRAINE Basse-Normandie.
Nous espérons vous y retrouver nombreux ! N’oubliez pas de réserver ces dates dans vos calepins.
Yannick BRUXELLE, membre du Comité de rédaction, membre-adhérente du GRAINE Poitou-Charentes.
1 Merci de communiquer au GRAINE vos suggestions pour une prochaine Lettre.
2 Charte de qualité de l’éducation environnementale, 1993.
3 Voir l’encadré page 14
4 Voir l’article de Michel Hortolan, « Essai de caractérisation des situations de sensibilisation, d’éducation et de formation ».
5 Coordination Environnement et Développement Durable.
6 Comité d’Etude et de Liaison des Associations à Vocation Agricole et Rurale.
7 Comité Régional des Associations de Jeunesse et d’Education Populaire.