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vendredi 27 juin 2003, par
Pour l’avoir vécu, ou entendu souvent, faire un dossier de projet peut être ressenti comme une corvée, le pensum administratif par lequel il faut absolument passer avant de pouvoir commencer ce qui sera « vraiment » et « enfin » intéressant et noble …. !
Et pourtant …., nous devrions garder à l’esprit que :
Ce dossier s’adresse à une commission donc à des personnes qui cherchent à faire leur travail au mieux et auront à décider d’un accord ou d’une labellisation avec éventuellement attribution de moyens en ayant pour seul élément ce qui est écrit !
Au delà de la formalité administrative, il contribue par la recherche des « mots justes » nécessaires à son écriture, à clarifier les choses pour soi-même, pour les personnes avec qui on travaille (membres de l’équipe, partenaires …) ce qui peut permettre d’éviter certains malentendus. Ce dossier constitue donc une sorte de contrat auquel il sera bon de se référer au cours du projet, c’est aussi un engagement.
Il constitue une déclaration d’intentions qui sera fort utile pour l’évaluation du projet (effets attendus et inattendus).
Les dossiers, qu’ils soient à rédiger à l’aide d’un formulaire type ou sur papier libre présentent à peu près tous le même plan. On pourrait donc penser qu’il s’agit d’un exercice très « codé » et qu’il suffit de savoir remplir des cases et réutiliser des formules toutes faites un peu magiques …, il est vrai qu’il peut ainsi y avoir des « professionnels » du beau dossier ! Mais pour qu’un dossier touche vraiment une commission, il doit avoir une « âme » qui ne peut lui être que personnelle, c’est-à-dire traduire ce qui habite vraiment l’équipe qui le porte (et qui malheureusement trop souvent ne pense pas à le dire, par pudeur ou par omission).
Il s’agit donc d’apporter un certain éclairage aux rubriques habituelles :
Le titre du projet : Choisir un intitulé motivant impliquant si possible les acteurs du projet.
Si le titre est "accrocheur", il retiendra davantage l’attention des jeunes, des parents, de la municipalité, des médias, des financeurs…
Si l’engagement des personnes transparaît dans le titre, on ressent une idée de "défi".
Ex. : à proscrire, la tête de chapitre d’un cours : étude de ….
Son contexte : Dégager les opportunités réelles pour ce projet précis.
Ex. : une sensibilisation liée à un fait d’actualité,
Ex. : des démarches mises en œuvre par la collectivité locale
Ex. : la situation particulière d’un établissement scolaire,
Ex. : des contacts dans un autre pays avec possibilités d’échanges, ….
Les personnes concernées : Insister sur l’implication et la motivation des personnes.
Ex. : professeurs ayant suivi des stages de formation, leur désir de faire, ….
Ex. : un partenariat possible avec un chercheur, un animateur associatif, …
Ex. : des élèves sensibilisés et motivés par le thème pour une raison précise, ….
Les objectifs visés : Montrer la pertinence et la cohérence du projet pour l’éducation et pour l’environnement ; son articulation avec les enseignements disciplinaires. Penser aux objectifs d’éducation à la citoyenneté.
Dans le cadre d’un projet scolaire, il est possible de faire apparaître les objectifs de chaque enseignant de l’équipe sous forme disciplinaire, mais l’accent sera plutôt mis sur les objectifs communs interdisciplinaires.
La démarche mise en œuvre : Insister sur l’articulation des différentes étapes. Cerner celles qui sont définies dès le départ par l’équipe éducative et celles qui se définiront au fil du projet avec les intéressés.
Les représentations initiales : comment elles seront recueillies ?
La phase sur le terrain, comment elle est envisagée ? où ? avec qui ? fera-t-on appel à des partenaires ? des intervenants ? pour quoi faire ?
La définition du projet, sa délimitation, les pistes probables d’actions…, les personnes ressources auxquelles il pourra être fait appel, les lieux ressources …, la part du partenariat (travail des élèves en autonomie, avec les enseignants, avec les intervenants)
La phase d’investigation, comment elle sera menée (approche globale, enquêtes par groupes, recherches, moments d’échanges et de croisement des données, moments d’écriture et de mise en système….)
Les productions envisagées, pour communiquer, à qui ?, dans quel cadre ?, comment ? Penser à intégrer la dimension plaisir et veiller à ce qu’il y ait une véritable prise de parole des jeunes.
Un échéancier précisant la durée totale de l’action et fixant quelques dates butoir.
L’évaluation : l’idéal est de penser à croiser les évaluations : celles des élèves, celles des éducateurs, celles des partenaires et intervenants, éventuellement celle des parents ou des autres membres de l’établissement…. A ce stade, il s’agit de se fixer des indicateurs sans oublier que certains effets seront inattendus .
L’évaluation du contexte s’appuiera sur le contexte écrit dans le projet de départ, et consistera à chercher des indicateurs des changements amenant un nouveau contexte.
L’évaluation des différentes interventions dans le cadre du projet : les moments importants, les rencontres, les mises en commun….
L’évaluation des processus mis en place, le regard sur les actions menées, la façon dont on s’y est pris, les choix qui ont été faits en terme de méthode, d’échéancier… (penser : et si c’était à refaire … ?), la façon dont chacun a appris,… L’évaluation des processus nécessite une phase de recul sur ses pratiques : nous sommes des « praticiens réflexifs »
(D.Schön). A ce stade, il s’agit juste de signaler les temps qui seront mis en place et ce qu’on envisage d’y faire.
L’évaluation des résultats pour les apprenants et pour les éducateurs, ce qui était prévu et ce qui ne l’était pas… On peut se baser sur la comparaison des représentations initiales et finales, prévoir des tests classiques d’acquisition de connaissances sur le thème mais aussi penser à des indicateurs permettant de percevoir les modifications comportementales (mesure d’un décalage), ou encore l’impact réel sur l’environnement.
Le budget : un budget prévisionnel réaliste, présenté en équilibre .
Yannick Bruxelle, avril 2001.
« Nos mots habillent nos idées ; sans mots, nous ne pouvons pas réfléchir. » Paul Taylor (1999)