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mercredi 1er avril 2009, par
J’accompagne des adultes avec autisme présentant des
problématiques particulièrement lourdes, caractérisées
par des perturbations de la communication, un retrait
social, une difficulté à différencier « soi et non-soi », le
dedans du dehors, dans une maison d’accueil spécialisée
dans les Deux-Sèvres.
Dans notre cas, l’éducation à l’environnement est très
peu abordée et l’environnement n’est pas une priorité
dans le projet d’établissement. Toutefois, les professionnels
du secteur social s’intéressant à l’environnement,
essaient de faire partager, de retranscrire leurs valeurs
par le biais d’activités, d’ateliers (l’alimentation, le recyclage,...),
de séjours de vacances… L’accompagnement
réalisé auprès des personnes handicapées est une difficulté
pour les travailleurs sociaux car nous n’avons pas
de moyens adaptés pour sensibiliser les personnes ayant
un handicap.
Oui, j’ai eu l’occasion d’organiser et d’encadrer un
séjour qui avait pour projet de développer les sens de
chacun par l’intermédiaire de la nature. Chaque personne
avait son projet individuel en fonction de son degré
d’autisme car toutes les personnes accueillies n’ont pas
le même niveau pour les activités. Le groupe était hébergé
dans un gîte à proximité d’une ferme pédagogique.
Ce séjour a été structuré par des activités autour du cheval,
du jardin, de la randonnée et de l’alimentation. Ce
projet nous a prouvé que c’était réalisable en effectuant
des choses simples basées sur la découverte de l’environnement.
De plus, j’ai mené différentes activités en lien avec l’alimentation,
celles-ci se présentaient sous forme de repas
thérapeutiques effectués par les personnes accueillies. Je
me suis rendue compte que le moment du repas était très
attendu, c’est pourquoi j’ai voulu poursuivre cette séance
en réfléchissant plus en détail sur différents aspects
qu’on pouvait mettre en place : le choix des menus, la
manière de faire participer les résidents, vers qui se diriger
pour les achats… ? Souvent, cette activité se déroule
le week-end. En principe, je fais choisir le menu par les
résidents, souvent ils choisissent des plats qu’ils ne mangent
pas habituellement la semaine… mais il m’est arrivé
aussi de leur faire faire des plats qu’ils n’auraient pas
l’idée de goûter (les plats traditionnels français et internationaux).
Ils participent à l’achat des courses pour les
différents plats choisis ; certains participent à la préparation
du repas ou d’autres regardent, sentent, touchent,
goûtent et écoutent l’évolution du repas. En tout cas, ils
sont très présents avant la dégustation. Cette dernière me
surprend toujours autant car on s’aperçoit qu’ils sont
heureux d’apprécier ce qu’ils ont préparé. Ils prennent
plus de temps pour manger, ils sont plus calmes, j’ai
senti vraiment un bien-être de tous. Par la suite, je souhaiterais
travailler en partenariat avec des producteurs
locaux afin que l’on se déplace avec les résidents directement
chez eux.
Si on voulait parler d’EEDD en établissement spécialisé,
il serait utile de l’instaurer directement dans le projet
d’établissement afin de sensibiliser professionnels et
personnes accueillies. Je ne demande pas de tout changer
mais au moins d’évaluer les priorités. Quand je parle
de priorités, je pense premièrement à l’alimentation et
deuxièmement à tous ces produits d’entretien relativement
nocifs utilisés en collectivité, afin que chacun soit
dans un bien-être au quotidien.
Nous avons peu de formations qui nous sont proposées
pour adapter une éducation à l’environnement pour un
public handicapé. En revanche, nous nous sommes rendus
compte, en nous dirigeant vers des associations (fermes
pédagogiques par exemple…), que les animateurs
se formaient à accueillir différents publics handicapés
pour les projets créés entre établissements. Les échanges
inter-structures peuvent être un moyen de développer
l’éducation à l’environnement. Ces pratiques peuvent
être bénéfiques pour les deux partenaires dans le sens de
partager ou d’échanger les connaissances apprises de
l’éducation à l’environnement ou du handicap. Mais
aussi de rendre le projet plus riche dans son ensemble et
d’être plus cohérent entre partenaires afin que les personnes
accueillies pour les activités se sentent concernées
et cadrées.
Cet article est extrait de la Lettre du GRAINE n°18, 2009.