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mardi 26 février 2013
L’éducation à la solidarité internationale est face à une importante mutation. Elle est au croisement de deux mouvements, celui de la solidarité internationale et celui de l’éducation populaire qui sont, tous deux, en évolution très rapide. La convergence entre ces deux mouvements trouve sa nouvelle cohérence dans l’émergence du mouvement altermondialiste. L’éducation à la solidarité internationale prend la suite de l’éducation au développement qui apparaît au milieu des années soixante et dont elle n’est pas encore complètement dégagée. Dès le début, l’éducation au développement se nourrit des références à l’éducation populaire.
L’éducation à la solidarité internationale est face à une importante mutation. Elle est au croisement de deux mouvements, celui de la solidarité internationale et celui de l’éducation populaire qui sont, tous deux, en évolution très rapide. La convergence entre ces deux mouvements trouve sa nouvelle cohérence dans l’émergence du mouvement altermondialiste. L’éducation à la solidarité internationale prend la suite de l’éducation au développement qui apparaît au milieu des années soixante et dont elle n’est pas encore complètement dégagée. Dès le début, l’éducation au développement se nourrit des références à l’éducation populaire.
Le mouvement de solidarité internationale se construit à partir de plusieurs courants qui sont amenés à évoluer avec la décolonisation. Le courant caritatif trouve ses sources lointaines dans les congrégations et les ordres religieux. Il est renouvelé par un courant humanitaire qui trouve ses origines dans les réactions aux guerres. La Croix Rouge est la première ONG (organisation non gouvernementale) au sens propre du terme, reconnue par les Nations Unies. Le Secours Rouge qui deviendra le Secours Populaire Français est créé en 1925, la CIMADE (Comité inter-mouvements auprès des évacués) en 1939, le Secours Catholique, branche française de Caritas en 1947. A partir de la fin des années cinquante, le thème dominant est celui de la lutte contre la faim. Emmaüs international est créé en 1955 à travers l’Institut de recherche et d’action sur la misère du monde qui deviendra l’IRAM.
La vague des indépendances des années soixante va amener ces associations à associer à la lutte contre la faim la préoccupation du développement. Ainsi, en 1960, est créé le CCFD (Campagne Catholique contre la Faim et pour le Développement). C’est la période du proverbe chinois : donne moi un poisson, je mangerai un jour ; apprend moi à pêcher, je mangerai toujours. En 1958, le Père Lebret crée l’IRFED (Institut de Recherche et de formation, éducation au développement) ; il développe une théorie de l’animation et de la formation orientées en priorité dans les zones rurales. Henri Desroches crée le Collège Coopératif qui fait le pont avec l’éducation populaire. Dès le début des années soixante, plusieurs mouvements de jeunesse et d’éducation populaire interviennent en Afrique ; les Eclaireurs et Eclaireuses de France, les Scouts et Guides de France, la Ligue Française de l’enseignement et de l’éducation permanente, la Fédération Léo Lagrange, les CEMEA (Centre d’entraînement aux méthodes d’éducation active).
Parallèlement à cette mouvance tiers-mondiste, il faut souligner l’émergence d’un courant issu des luttes anti-coloniales. Il apparaît dans le mouvement pour la paix en Algérie, les comités Vietnam ... Il se décline en comités de soutien et de lutte. A partir de 1965, le cedetim (aujourd’hui, centre d’études et d’initiatives de solidarité internationale) en appuiera plusieurs, parmi lesquels les comités anti-outspan qui deviendront le MAA (mouvement anti-apartheid) et les comités de soutien à la lutte révolutionnaire du peuple chilien. Le cedetim regroupera un grand nombre de coopérants progressistes, qu’on appellera les « pieds-rouges » qui voudront appuyer les indépendances.
Entre les tiers-mondistes et les anti-impérialistes, le débat est vigoureux. Les premiers trouvent les seconds trop politistes, et même trop politiques, et leur reprochent leur soutien à des Etats peu soucieux de respect des libertés. Les seconds trouvent les premiers trop basistes, localistes à travers leurs micro-réalisations et trop ruralistes et respectueux des autorités traditionnelles et religieuses. Ce clivage va s’atténuer dès la fin des années soixante. Une nouvelle génération de responsables va être porteuse d’une culture politique nouvelle, forgée dans les années de mobilisation qui vont suivre 1968. Les anti-impérialistes vont prendre conscience de l’évolution des régimes issus de la décolonisation et les tiers-mondistes vont mesurer les limites des actions locales. Ils vont se retrouver, ensemble, confrontés à l’offensive des anti-tiers-mondistes orchestrées par l’association Libertés sans frontières.
C’est que, pendant ce temps, une nouvelle génération d’humanitaires a vu le jour à partir de la création de MSF (Médecins sans frontières) au moment de la guerre du Biafra en 1971. Ces associations contestent les Etats du Sud, appellent les Etats du Nord à imposer des conditionnalités, défendent le droit d’ingérence. Ils imposent leur culture de l’urgence fondée sur une vision du Sud, occidentale et décomplexée, à travers une politique médiatique audacieuse qui conteste frontalement les associations tiers-mondistes. Le débat a pris une nouvelle forme, celui de l’opposition entre urgence et développement.
Assez vite, dès le milieu des années soixante, une partie des ONG va adopter parmi leurs objectifs celui de l’éducation au développement. Porter secours aux victimes des famines et des conflits a fonctionné au début comme une évidence. Mais, pour être à la hauteur des défis, il faut pouvoir s’appuyer sur une mobilisation de la société française. Cette mobilisation nécessite des moyens humains, l’engagement de bénévoles et de salariés, des moyens financiers, dans les collectes et l’accès aux financements publics, des moyens politiques, à travers l’action du gouvernement et des autorités publiques françaises.
L’orientation pour le développement dans les années soixante est passée par des prises de conscience et des ruptures. La lutte contre la faim ne peut être résolue par le caritatif, elle doit s’inscrire dans une perspective plus large qui a été appelée développement. Ce développement ne peut se limiter à des projets ou même à des secteurs (santé, éducation, alimentation, etc.). Il s’agit d’un processus dont l’élément déterminant est la mobilisation des populations concernées. L’aide publique au développement doit être à la fois augmentée et remise en cause dans sa nature, dans sa structure et dans ses fondements.
Cette orientation a donné naissance à l’apport le plus important de ce mouvement : le partenariat. Au départ la recherche de partenaires était nécessaire pour assurer la viabilité des projets. Ensuite, s’est imposée l’idée qu’il fallait partir de la demande des partenaires. Puis, qu’il s’agissait de créer les conditions et l’environnement permettant de renforcer les partenaires. Et enfin, que l’objectif même était de travailler, en commun et en réciprocité, avec des mouvements associatifs représentant ce qu ‘on a appelé pour simplifier des sociétés civiles. Le mouvement a inventé avec le partenariat la coopération de société à société.
Il fallait faire partager cette conception dans la société française. D’autant plus que à partir du début des années soixante-dix, avec MSF, un marketing sans nuances flattait la « générosité » des donateurs et revendiquait l’essentiel des ressources publiques. Le refus du simplisme a conduit alors à proposer l’éducation au développement pour donner un autre visage au tiers-monde, expliciter les enjeux, les démarches et les solutions possibles, mettre en évidence les apports formidables du partenariat.
Cette éducation au développement nécessitait une recherche et une présentation des causes de cette situation, de ce qu’on a appelé alors le sous-développement ou le mal développement. René Dumont avec son livre « L’Afrique Noire est mal partie » y a beaucoup contribué. Il fallait revenir à la colonisation et aux échecs des Etats post-coloniaux, aux responsabilités de la politique française, européenne et des institutions internationales.
Les militants des Associations de Solidarité Internationale ont trouvé dans l’éducation populaire les bases méthodologiques de l’éducation au développement. ils se sont appuyés sur les mouvements d’éducation populaire et notamment sur l’IRFED, l’IRAM et le Collège Coopératif. Ils se sont aussi appuyés sur l’expérience d’Amérique Latine et particulièrement sur les actions et les travaux de Paulo Freire. Ils ont repris à « La Pédagogie des opprimés » et « L’éducation, pratique de la liberté » les idées de conscientisation et d’auto-formation individuelle et collective.
A partir de 1977, le contexte mondial change ; la phase néolibérale de la mondialisation est une phase de reconquête. Le nouveau modèle dominant préconise l’ajustement des économies au marché mondial. Il propose la libéralisation, c’est à dire, la régulation par les marchés de capitaux. Pour achever la cohérence du modèle, il faut construire l’environnement international qui lui correspond. Dès le départ, la gestion de la crise de la dette a esquissé le cadre institutionnel autour du FMI et de la Banque Mondiale.
Pourquoi, et comment, le modèle néolibéral s’est imposé ? Nous n’entrerons pas ici dans la discussion. On vérifie alors que la bataille intellectuelle est une des formes de la lutte sociale. Cette évolution a démontré que les dynamiques à l’œuvre dans les sociétés ne sont pas seulement économiques, elles sont aussi sociales, politiques, idéologiques, culturelles, militaires.
L’éducation au développement est confrontée à une remise en cause fondamentale de la notion de développement qui dépasse très largement la critique du néolibéralisme. Elle porte sur quatre questions qui constituent des coins aveugles de la conception du développement centrée sur l’économie et la croissance. Il s’agit des questions des discriminations sociales et culturelles, de l’impératif démocratique et des libertés, des conflits et des guerres. Il s’agit surtout de l’irruption du paradigme écologique qui heurte de front le cousinage entre les modèles préexistants, tous productivistes, qu’ils soient keynésiens, néo-libéraux, soviétiques ou d’indépendance nationale. Ce paradigme écologique introduit un déplacement de la durée, en mettant en avant les droits des générations futures et une limite, celle de l’écosystème planétaire.
Le mouvement se redéfinit. La « Solidarité Internationale » est une représentation assumée. Elle remplace les notions d’ONG ou de tiers-mondiste qui ont aussi leur histoire. C’est l’avantage de la solidarité internationale par rapport au concept Nord/Sud. Elle affirme que la solidarité commence au sein de chaque pays, y compris le sien.
L’éducation au développement se transforme en éducation à la solidarité internationale. Ses enjeux sont précisés : comprendre le monde pour le transformer ; comprendre le rapport entre les dynamiques internes des sociétés et le système international ; inscrire notre action dans la solidarité internationale ; analyser la situation du point de vue des mouvements sociaux et citoyens.
Le mouvement altermondialiste, en tant que mouvement historique, prolonge et renouvelle le mouvement historique de la décolonisation. Il inclut le mouvement de solidarité internationale et lui donne de nouvelles perspectives. Il modifie le cadre et le contenu de l’éducation à la solidarité internationale.
Le mouvement de solidarité internationale s’inscrit dans cette périodisation. De 1980 à 1989, il soutient les résistances dans les pays du Sud qui marquent de plus en plus le partenariat. Il participe aussi de plus en plus aux mobilisations internationales contre le G7 et les institutions internationales. Le CRID, Agir Ici et le Cedetim organisent en 1989, à Paris, le premier sommet des sept peuples parmi les plus pauvres et participent à l’organisation de la manifestation et du concert, avec Renaud et Gilles Perrault, « Dette, colonies, apartheid, ça suffat comme ci ». C’est une préfiguration des manifestations altermondialistes.
Le mouvement altermondialiste dans ses différentes significations est porteur d’un nouvel espoir né du refus de la fatalité ; c’est le sens de l’affirmation « un autre monde est possible ». Nous ne vivons pas « La Fin de l’Histoire » ni « Le Choc des civilisations ». La stratégie du mouvement altermondialiste s’organise autour des caractéristiques de sa formation (la convergence des mouvements) et de son orientation (l’accès pour tous aux droits fondamentaux, à la paix, à la démocratie).
C’est la construction d’une alternative à la logique dominante, à l’ajustement au marché mondial par la régulation par le marché des capitaux. Cette orientation commune se traduit par une nouvelle culture de la transformation qui se lit dans une évolution de chacun des mouvements. La référence à l’accès aux droits pour tous imprègne les mouvements. Pour citer quelques exemples, Amnesty International a décidé, il y a trois ans, de prendre en charge la défense des droits économiques, sociaux et culturels ; Médecins du Monde définit ses objectifs par rapport au droit à la santé.
Le mouvement de solidarité internationale en est transformé. L’éducation à la solidarité internationale est remodelée dans son contenu, ses pratiques et ses cibles. Le mouvement associatif se saisit de la question des alternatives, celles qui correspondent à l’accès aux droits fondamentaux pour tous et à l’égalité en droit. La base du mouvement change. Il n’y a pas d’un côté les militants de la solidarité internationale qui s’adressent à l’opinion publique ; il y a tous ceux qui, dans les mouvements et la convergence des mouvements, sont convaincus de l’importance de la solidarité internationale et la pratiquent. Cette évolution est visible à travers le CRID et son adaptation, en tant que collectif, au contexte mondial notamment depuis l’émergence des Forums Sociaux. On constate ainsi un élargissement de l’espace de la solidarité internationale non plus seulement axé sur une solidarité Nord-Sud. Qu’il s’agisse de citoyenneté, d’éducation populaire ou de partenariats, la solidarité internationale est une des dimensions de la solidarité tout court.
Les thèmes de l’éducation à la solidarité internationale sont portés par le mouvement altermondialiste ; ils l’ont précédé et préparé et il a permis de les réorienter. Citons par exemple la question du droit international et de la lutte contre l’impunité ; le cadre institutionnel de la mondialisation et le réforme radicale des institutions internationales ; les rapports entre migrations et mondialisation, la démocratie dans l’entreprise et les normes internationales garantissant leur responsabilité sociale et environnementale ; l’expertise citoyenne et la contestation du monopole de l’expertise dominante ; le marché mondial et les échanges internationaux ; l’annulation de la dette et l’élimination des paradis fiscaux ; la redistribution par les taxes globales ; l’exploration des voies nouvelles de l’économie sociale et solidaire ; etc.
Le mouvement altermondialiste esquisse une nouvelle approche, mondiale, qui inclut la contradiction Nord-Sud sans s’y limiter. La solidarité est plus forte parce que la situation est commune et vécue comme commune. Si le CRID a fait partie des membres fondateurs d’Attac, c’est parce qu’il pressentait que cette nouvelle association, par ses orientations et par l’arc politique et culturel de ceux qui s’y retrouvaient, prolongée par les adhésions individuelles et les comités locaux, participerait au renouvellement du mouvement de solidarité internationale en France et dans le monde. En se définissant comme un mouvement d’éducation populaire tourné vers l’action, Attac a ouvert de nouvelles perspectives et interpellé le mouvement d’éducation populaire.
L’éducation à la solidarité internationale participe de l’éducation populaire et de son renouvellement. Elle bénéficie de son insertion dans le mouvement altermondialiste ; elle en retire un renouvellement de ses méthodes et de ses démarches qui concerne directement l’éducation populaire. Parmi ces questions, citons celles du rapport à l’opinion publique, des formes de l’action politique et de l’éducation au politique.
Le mouvement altermondialiste tire sa force du soutien de l’opinion publique dans chaque pays et au niveau international. Il pose la question de la formation de l’opinion publique mondiale et particulièrement d’une opinion publique dans les pays du Sud comme on a pu le constater avec la crise des médicaments génériques contre le SIDA, au Brésil, en Inde et en Afrique du Sud.
L’opinion publique joue un rôle particulier dans l’action politique. Elle correspond à une démarche démocratique, directement ou à travers les campagnes électorales elle permet de peser sur les politiques. L’éducation à la solidarité internationale affirme notamment que les égoïsmes ne sont pas majoritaires, qu’aucune société n’est indifférente à la solidarité et que même si les opinions sont partagées, il y a de la place pour le débat politique. En se saisissant des méthodes d’analyse de l’opinion, les associations de solidarité internationale ont montré qu’il s’agissait de points de vue contradictoires et souvent faux, que l’éducation populaire les faisait évoluer, que les choix restent ouverts et que ce sont des choix de société. L’éducation populaire est alors confrontée à la question difficile de la formation de l’opinion et notamment du rôle des médias. Sans négliger la nécessaire critique des médias, elle permet de tenir compte des contradictions des médias pour éviter au maximum d’en être instrumentalisé.
La sensibilisation de l’opinion publique permet de peser sur les politiques et les institutions. Au niveau des gouvernements, du Nord et du Sud, et des institutions internationales. Sans oublier d’abord que chacun a sa responsabilité vis-à-vis de son gouvernement. Sans oublier aussi les instances des grandes régions et notamment des institutions européennes. Sans oublier enfin, les nouvelles alliances stratégiques qui se construisent entre le mouvement social et citoyen et les institutions locales qui posent la question de l’articulation entre démocratie participative et démocratie représentative.
Le rapport à l’opinion publique ne se restreint pas à l’influence sur les institutions et les acteurs économiques et au lobbying. En fait, l’objet principal de l’éducation à la solidarité internationale est de renforcer le mouvement de solidarité internationale et d’assurer son autonomie et son auto-organisation, de lui donner la capacité d’être reconnu comme un acteur du changement et de négocier en situation. Les plate-formes et les campagnes sont les formes aujourd’hui les plus intéressantes de l’émergence de nouvelles pratiques, de formes de luttes, de propositions et de négociations. Le rôle majeur de l’éducation populaire est d’assurer la formation nécessaire au renforcement des associations, des mouvements et des sociétés.
L’éducation populaire, comme le démontre l’éducation à la solidarité internationale, fait émerger et légitime une expertise citoyenne élargie aux mouvements sociaux, civiques et citoyens. Le mouvement paysan s’est donné les capacités de définir l’agriculture paysanne, la souveraineté alimentaire, la qualité de l’alimentation, la maîtrise des techniques et des orientations de la recherche, etc. Les associations écologistes ont défini de nouvelles visions des questions environnementales. Cette expertise citoyenne permet de contester le monopole des expertises dominantes.
L’éducation à la solidarité internationale permet d’approfondir plusieurs aspects qui sont au cœur de l’éducation populaire. Elle s’appuie sur le partenariat qui est à la fois un objectif et un moyen. La mouvement altermondialiste permet de franchir un pas supplémentaire dans le partenariat. Comme nous pouvons le vérifier dans les forums sociaux, il ne s’agit pas d’aider un partenaire mais de travailler ensemble à un projet commun. L’éducation à la solidarité internationale met aussi en évidence le rapport à l’urgence. C’est ce qui a déjà amené des associations, comme Handicap International ou Médecins du Monde à s’engager dans le dépassement de la différence entre urgence et transformation dans la durée. De ce point de vue, le lien est la stratégie : comment on fait pour réagir dans l’urgence par rapport à une perspective ? Le débat stratégique est le débat essentiel de l’éducation populaire en tant qu’éducation au politique.
Le mouvement altermondialiste pose la question de la démocratie et des libertés. De là résulte les discussions sur la société civile, appellation commode et ambiguë. L’éducation populaire est directement confrontée aux interrogations sur la culture politique des mouvements, aux questions de l’organisation, du pouvoir, de la hiérarchie, de l’autorité amorcée dans les mouvements de la fin des années soixante.
L’éducation populaire se définit aujourd’hui comme une éducation au politique. Elle présuppose l’autonomie des citoyens et l’effort qu’ils sont prêts à consentir pour se former individuellement et collectivement. Elle prépare les changements de comportement nécessaires à tout changement collectif. Les mobilisations sont aussi des révélateurs de situation, des outils irremplaçables pour comprendre les situations et les systèmes, pour mettre à jour les cohérences et ouvrir les contradictions. Le mouvement altermondialiste est riche de sa diversité, de la multiplicité des courants de pensée qui le composent. Il permet de mieux appréhender la complexité du monde. Il combine plusieurs démarches de formation à travers la résistance aux logiques dominantes, la recherche des alternatives, la mise en œuvre de pratiques innovantes, la négociation en situation. L’ensemble de ces dimensions alimente le débat démocratique et citoyen qui caractérise ce mouvement.
Par Gustave Massiah, paru dans Politis en juillet 2006.
Michel Faucon. Historique, notion et démarche de l’EADSI. CRID. 2006 • Réseau Polygone. Education au Développement. ITECO (Belgique). 1999 • Michel Doucin. Les ONG acteurs-agis des relations internationales. Thèse de Sciences Politiques, Bordeaux. 2005 • Henri Rouillé d’Orfeuil. La diplomatie non gouvernementale : Les Ong peuvent-elles changer le monde ? Editions Charles Léopold Mayer. 2006 • Jean Marie Hatton. Note sur la structuration des Organisations de Solidarité Internationale. HCCI. 2006