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mardi 11 mars 2008, par
Edito de la Lettre n°17
Janvier 2008. Notre Lettre prépare sa sortie dans un contexte d’après travaux du « Grenelle de l’Environnement » au cours desquels nous n’avons pu que constater, incrédules, le peu de cas fait à l’éducation à l’environnement. Cette mise à l’écart, tellement en décalage avec les évidences énoncées depuis des décennies, a été majoritairement placée en tête des opinions exprimées au cours des « Grenelle en Régions ». De très nombreuses interventions ont plaidé en faveur d’une réelle prise en compte de l’éducation à l’environnement. Cette expression massive, relayée par un CFEEDD (Comité Français d’Education à l’Environnement vers un Développement Durable) à la tâche depuis des mois pour faire valoir l’Education à l’Environnement, a sans doute joué un rôle important dans la décision prise fin octobre par l’Etat de créer un groupe « Education » appelé à produire des propositions.
Il en va ainsi de l’engagement au quotidien. Entre espérance et doute, seule l’analyse des avancées dans la durée nous tient à flots.
Espérance fin octobre à l’annonce de la création d’un groupe « Education » pour la suite des travaux du Grenelle ; doute en janvier quand nous nous rendons compte que seule l’Education Nationale est prise en compte par ce groupe.
Pour nous éclairer, donnons la parole à Roland Gérard représentant de notre réseau « Ecole et Nature » (courriel du 11 janvier 2008) : « / ... C’est bien de l’éducation de tous et tout au long de la vie dont il s’agit. Pourquoi, alors que c’est notre culture d’acteur et que ceci a été confirmé dans les 6 groupes du Grenelle cet été, réduire les travaux du groupe « Education » à la simple question de la prise en charge de l’Éducation au développement durable par l’Éducation nationale ? - /… Alors que depuis l’origine de la réflexion sur l’éducation à l’environnement (Stockholm 72) la question de la participation est au centre et que cela est confirmé dans le principe 10 de Rio, puis dans la convention Aarhus, et encore dans la SNDD (stratégie nationale du développement durable).... pourquoi dans un groupe de spécialistes, ne pouvons-nous pas débattre de propositions concrètes,en quelque sorte nous imposer ce que nous préconisons nous-mêmes et sommes-nous condamnés à écouter une succession d’auditions souvent redondantes et parfois hors sujet ? L’élaboration commune c’est possible, c’est ce que nous voulons. »
Oui, participer c’est ce que nous voulons. Nous le voulons pour nous acteurs de la société civile mais le voulons-nous pour ceux que nous accompagnons dans des démarches éducatives soucieuses de permettre aux personnes de se construire ? Voulons-nous éduquer à la participation ? Et si nous le voulons, est-ce parce que l’éducation à l’environnement est une éducation au politique ?
Quand munis de nos bagages d’éducateurs à l’environnement, nous interrogeons le développement durable, nous interrogeons notre appartenance au monde, nos organisations sociales, nos systèmes socio-économiques. Nous interrogeons ainsi notre capacité à créer les conditions favorables à un vivre ensemble respectueux de la singularité de chacun et producteur de bien commun. Ce vivre ensemble là est-il possible sans information, sans consultation, sans concertation, sans implication ?
L’Education à l’environnement peut-elle se saisir des questions socialement vives sans éduquer au débat public ? Dit autrement, l’éducation permet-elle aux personnes de s’inscrire dans une démocratie de la participation et ainsi, permet-elle de renouer avec l’essence même de la démocratie ? Celle qui ne peut se satisfaire de la misère et de la pauvreté. Celle qui ne peut se satisfaire de la non-reconnaissance de la parole de chacun et qui s’organise pour que chacun accède au bonheur de voir sa parole chargée de sens pour tous.
C’est parce que ces questions sont au cœur des pratiques des adhérents du GRAINE mais également pour certaines d’entre elles contenues dans les instructions officielles de l’Education Nationale ou dans les écrits et les pratiques de nombreux autres acteurs de la société avec lesquels nous vivons des démarches partenariales, que nous avons décidé de consacrer ce numéro 17 de La Lettre du GRAINE à : « La participation. Regards, démarches, pratiques en éducation à l’environnement ».
Notre « appel à intention à écrire » a suscité de nombreuses envies, transformées en textes d’une grande diversité d’origines, de questionnements, d’auteurs, d’approches, de témoignages.
Face à cette richesse, notre comité de lecture a organisé La Lettre en quatre parties :
Des regards sur la participation.
Des démarches d’organisation.
Des pratiques avec des adultes.
Des pratiques avec les jeunes.
Des outils pédagogiques.
En éditant cette Lettre le GRAINE Poitou-Charentes souhaite faire œuvre de passeur d’idées et d’expériences, et contribuer ainsi à la poursuite de la mise en œuvre des démarches de « réflexion action » auxquelles les praticiens de l’Education à l’Environnement sont attachés.
Au-delà de cette irrigation du terrain de l’Education à l’Environnement, cette publication est porteuse de notre volonté de nous inscrire dans l’espace public. Un espace public où nous souhaitons faire entendre la multitude des voix exprimant la nécessité de reconnaître et de valoriser la complémentarité entre les différentes sphères de l’éducation.
Si en ce mois de janvier 2008, les difficultés à faire exister l’immense richesse des engagements associatifs au sein des travaux du Grenelle de l’Environnement nous font douter, les échos reçus de tous ceux, qui ont consacré du temps et ont mobilisé de la générosité pour partager par l’écrit ce qu’ils vivent dans l’action et dans la réflexion, nous font espérer.
Michel Hortolan, membre du comité de rédaction, membre du GRAINE Poitou-Charentes.