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mardi 3 mars 2015
Journée à marquer d’une pierre blanche sur le chemin du développement de l’éducation à l’environnement et au développement durable (EEDD). Les deux ministres Ségolène Royal et Najat Vallaud-Belkacem ont diffusé, ce matin 4 février,un communiqué de presse commun qui reçoit un écho positif dans les rangs de la Société civile.
Premier point à souligner les deux ministères travaillent et produisent ensemble. Ce rapprochement entre les mondes de l’écologie et de l’éducation est un des vœux les plus chers pour tous ceux qui voient dans l’EEDD une voie de sortie de crise tant sociale qu’environnementale. Nous savons tous que dans notre monde cloisonné l’inter ministérialité est une voie difficile. Nous voyons là le signe le plus tangible pour inciter tous les acteurs à faire ensemble.
Deuxième point extrêmement positif le mot « environnement » revient à l’honneur dans le langage du ministère de l’Education nationale. L’EN disait simplement « éducation au développement durable » depuis des années, ce qui allait en contradiction avec le langage de l’immense majorité des collectivités et des associations et de pas mal d’enseignants. Maintenant c’est acté tout le monde parle d’EEDD, cela va nous faciliter grandement la communication, nous allons gagner en efficacité.
Troisième point à souligner, une des premières phrases du communiqué de presse dit : « Bâtir des projets communs autour de l’environnement, notamment à l’école, en collège ou au lycée, c’est faire vivre de façon concrète la notion de fraternité et montrer aux jeunes qu’ils sont capables de s’engager ensemble dans un projet, au-delà de leurs différences ». Tous les éducateurs à l’environnement confirmeront que faire de la pédagogie de projet c’est créer de la solidarité et de la fraternité. Nous voyons là avec ce mot « fraternité » que la société française n’est plus tout à fait la même depuis le 11 janvier et que oui nous sommes très nombreux à vouloir tout faire pour que le « vivre ensemble » devienne une réalité dans les actes, ça passe bien par le « faire-ensemble ».
Quatrième point à souligner : « Le ministère de l’écologie apportera son appui aux 4èmes assises de l’EEDD ». C’est une très bonne nouvelle pour la société civile qui conduit ce projet d’Assises depuis 2000 en partenariat avec l’Etat, les collectivités et les entreprises.
Cinquième point l’« encouragement de l’accès au bio dans les cantines scolaires ». C’est là un point essentiel. Les ministères reconnaissent ainsi le travail de milliers de français(e)s ; parents, élu(e)s, enseignant(e)s, chefs d’établissement... qui ont eu l’initiative et le courage, souvent contre vent et marée, de mettre du bio dans les repas des enfants. C’est ainsi un véritable cercle vertueux qui est créé dans les territoires, l’effet bio, entraînant l’effet proximité. Ce sont les pesticides, insecticides et autres traitement chimiques qui reculent, c’est la santé qui avance. D’ailleurs comme le rappelle le CP « depuis 2014, l’usage des pesticides est interdit dans l’enceinte des établissements scolaires » .
Sixième point positif, les ministères mettent en avant les « débats sur le thème du changement climatique et de la biodiversité, en lien avec les associations d’EEDD ». Le climat est un grand sujet d’inquiétude, il est très important que par le débat le corps social s’en empare. C’est la culture du climat et de l’environnement en général qui va ainsi avancer dans notre pays.
Septième point positif : « Les sorties scolaires dans la nature seront encouragées ». Là aussi les éducateurs à l’environnement sont unanimes pour dire que malgré tous les obstacles, il est de première nécessité de permettre aux enfants une rencontre approfondie avec la nature, sur le terrain.
Nous pourrions citer d’autres points qui ne sont pas négligeables : « lutte contre le gaspillage alimentaire », implication des écoles dans les territoires à énergie positive, création de « coins nature (jardins pédagogiques, hôtels à insectes, mares pédagogiques...) », intégration d’ici 2020, du développement durable dans les projets d’école et d’établissement, création des « éco délégués » dans tous les collèges et lycées, éco-parlement des jeunes...
Bien sûr il y a des manques, le plus important étant sans doute la question de la formation des enseignants. Pratiquer le débat, la pédagogie de projet, construire des partenariats...ça ne s’improvise pas, il est nécessaire de créer des modules EEDD dans les masters 1 et masters 2 de la formation initiale des enseignants. Et pour que ces formations soient de bonne qualité il faut favoriser la recherche en EEDD, ce qui n’est pas fait. Un peu curieux aussi de ne pas voir le mot « collectivités » ou à peine tant leur rôle est devenu aujourd’hui déterminant pour le développement de l’EEDD, en particulier dans le cadre des Plans Educatifs de Territoire (PEDT), c’est là que vont se vivre des avancées, en intégrant l’EEDD au même titre que le sport et la culture. Il est important aussi aux yeux des acteurs de la Société civile que l’Etat et tous les partenaires envisagent l’EEDD de tous
tout au long de la vie et pas seulement des jeunes...Nous aurions aussi aimé voir un petit encouragement dans la construction de l’Espace National de Concertation (ENC) pour l’EEDD qui est un instrument essentiel de construction de la culture commune sans laquelle rien n’est facile entre partenaires.
Nous pouvons voir avec ce communiqué de presse une première retombée positive de l’engagement de la France dans l’organisation de la conférence climat (COP 21) de début décembre 2015. Lors des dernières consultations avec les ministères nous avions demandé qu’un « signal » soit donné pour que les acteurs de l’EEDD trouvent confiance. Voilà, ce n’est pas des moyens pour financer les projets qui arrivent, mais le signal nous le voyons dans ce communiqué de presse, nous le prenons comme
une étape et espérons qu’un jour pour l’EEDD on arrive à une cohérence entre les discours et les actes en voyant les moyens arriver à hauteur des enjeux.