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jeudi 5 juin 2014, par
Pour la 4ème fois, je suis retournée au Sénégal en janvier 2014. Et c’est avec le même enthousiasme que j’ai retrouvé le village de la Somone et ses habitants.
En effet, la Somone est un village de 3700 habitants qui a su résisté à l’urbanisation galopante de complexes hôteliers pour le tourisme de masse. Situé sur la petite côte, ce village a la particularité d’avoir sur son territoire une zone naturelle protégée. C’est un lieu incontournable pour les touristes parce que l’on peut y observer de nombreux oiseaux migrateurs tels que pélicans, flamands roses, aigrettes, hérons, grues cendrées … ainsi qu’un paysage paradisiaque de mangrove. Des visites sont organisées pour communiquer auprès du public sur la nécessité de préserver ce milieu très riche mais aussi très vulnérable.
Célio est président des éco gardes de la réserve naturelle d’intérêt communautaire et milite depuis longtemps pour la préservation de ce milieu dont les retombées financières du tourisme bénéficient aux populations locales notamment à travers les écoles et les postes de santé. Très impliqué dans la vie locale, il est aussi conseiller municipal et organise des visites guidées pour les touristes qui souhaitent mieux connaitre et comprendre la vie au Sénégal.
Pour la survie de l’espèce humaine, nous avons tout intérêt à prendre soin de Dame Nature avec qui nous sommes fortement liés et ce n’est pas à Célio que je vais l’apprendre ! Ce qui m’amène à échanger avec lui sur le thème de la réduction des pesticides engagée en France depuis quelques années. Par delà nos frontières et cultures, est-ce aussi une préoccupation au Sénégal ? Existe-t-il des programmes d’actions pour favoriser l’agriculture ou le maraichage biologique par exemple ?
C’est alors que Célio nous a organisé une visite au sein d’une famille de Mbour qui pratique le microjardinage biologique !
MBOUR est une ville de 181 800 habitants situé à 85 km au sud de Dakar. Inutile de vous dire qu’à l’image de toutes ces grandes villes, chaque famille n’a pas la possibilité de posséder un lopin de terre pour cultiver ses propres légumes.
Pour lutter contre la pauvreté et l’insécurité alimentaire, le ministère de l’agriculture a lancé depuis 1999 un programme de micro-jardinage pour les populations urbaines et périurbaines.
D’abord cantonné à Dakar, le concept s’est développé sur l’ensemble du territoire à partir de 2006.
Le premier objectif attendu de cette démarche est l’autosuffisance alimentaire pour garantir une meilleure qualité nutritionnelle dans les familles. Par la suite, l’objectif est d’assurer un complément de revenu pour les familles afin de pérenniser le projet.
Ce sont majoritairement les femmes qui sont volontaires pour suivre une formation de plusieurs jours parce qu’elles jouent un rôle essentiel dans la tenue de la maison et notamment la confection des repas.
Des groupes de 12 personnes environ sont alors formés au niveau d’un quartier pour apprendre à cultiver des légumes et des herbes sur table....
La constitution d’un groupe au niveau d’un quartier est très importante parce que les membres peuvent ensuite se revoir plus facilement pour échanger sur leurs pratiques et avancer ensemble dans ce projet.
Le contenu de la formation porte sur :
la confection des tables
la composition du substrat
le semis
le repiquage
la préparation des solutions nutritives
la fertilisation
le compostage
la protection naturelle des cultures.
En fin de formation, chacune d’entre elles repart avec 2 tables.
Chaque table mesure 120 cm de coté. Elles sont composées d’un bac constitué à partir le plus souvent de planchettes de palettes. Les cotés du bac mesurent environ 12 cm. Des traverses en bois sont clouées à la manière d’une clayette pour réaliser un fond. La tablette repose sur 4 pieds en bois.
Le bac est troué sur un coté afin d’y placer un petit tuyau en plastique de 10 mm de diamètre qui va servir de trop plein.
Ensuite la tablette est recouverte d’une bâche noire pour garantir l’étanchéité.
Le support de culture est livré avec la table : il se compose d’un mélange de 60% de coque de cacahuètes, de 20% de balle de riz (enveloppe protectrice de la graine) et de 20% de latérite concassée (roche locale rouge) pour assurer le drainage.
De nombreuses plantes peuvent être cultivées dans ces conditions, par exemple, le chou, la tomate, les laitues, l’oignon, le gombo, le bissap et puis des plantes aromatiques comme la menthe et le basilic.
Ces légumes apportent des oligoéléments sains nécessaires pour être en bonne santé.
Un suivi est assuré au niveau de chaque famille pour voir si le projet prend forme et si les cultures produisent bien.
Lorsque les familles engagées réussissent à faire pousser des plantes vivrières et que les surfaces de cultures augmentent en parallèle, il est prévu de récompenser ces familles en leur donnant un poulailler à étages !
En effet pour pérenniser le concept, il faut que les familles puissent subvenir à leurs besoins en intrants (engrais et produits naturels de protection). Alors, on a imaginé d’élever des poules dans un HLM et mieux, de cultiver des plantes sur son toit !
Imaginez une grosse cage grillagée de 120 cm de coté, dont l’ossature est fabriquée toujours à partir de planchettes de palettes.
Cette cage comporte 2 étages : au rez-de-chaussée et au 1er étage, des poussins peuvent être élevés, et sur le toit, on retrouve une table de culture pour plantes vivrières.
D’ailleurs, la personne qui nous a reçu, a pu élever 12 poussins à chaque étage ! Ce qui lui a permis de vendre les poulets à l’occasion des fêtes de fin d’année 2013. L’argent de la vente sert bien sûr à améliorer le niveau de vie de la famille mais l’idée du projet est aussi de pouvoir racheter les engrais et les produits de protection des plantes.
Quand il s‘agit d’agrandir ses surfaces de plantation, toute sorte de contenants sont (ré)utilisés. Par exemple, pneu, bassine, grosse bouteille d’eau minérale, seau, sac, etc, …font l’affaire.
La barrière de la langue ne m’a pas permis sur place d’échanger en détail sur la composition des fertilisants et des produits de protection. Mais en faisant des recherches sur internet j’ai découvert un cahier technique édité par les villes jumelées de Milan et de Dakar dont voici le lien.
Il semble que les solutions nutritives sont préparées à partir de macro et micro éléments d’origine minéral, dont chaque élément doit être dosé séparément et dissout dans l’eau. Pour chaque culture, les dosages sont préconisés.
Quant aux produits de protection des cultures, ils sont à base de feuilles d’eucalyptus ou d’huile de NEEM (ou margousier) utilisé comme insecticides (pour info, cette substance active est non autorisée en France) et de souffre ou d’huile de TARANANI comme fongicides…
Catherine Deret (Cycleum Conseil)
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catherine.deret@cycleum.fr